En 2010, le photographe documentaire Richard Mosse capture la guerre civile en République démocratique du Congo, entre les factions rebelles et l’armée. Infra Series est une œuvre spectaculaire, marquée par l’utilisation du film Kodak Aerochrome III Infrared 1443, procédé infrarouge de reconnaissance militaire.
Mosse nous interroge sur “les récits de guerre et remet en question la façon dont nous sommes autorisés à représenter ces conflits oubliés.”
Dans son travail à travers l’Est de la République démocratique du Congo, le photographe Richard Mosse documente les ravages provoqués par la guerre civile. Son voyage dura quatre années, de 2010 à 2014. La presse internationale ignora à l’époque le conflit, rendant le travail de Mosse d’autant plus précieux.
Selon Richard Mosse, il existe plus de 30 groupes rebelles dans la région de l’est du Congo. La plupart d’entre eux sont composés de jeunes hommes que “beaucoup d’entre eux avaient une idéologie, mais ils l’ont depuis longtemps oubliée.”
Mosse utilise un appareil photo grand format aux côtés du célèbre film Kodak Aerochrome, désormais abandonné. Ce procédé fut développé dans les années 40 par l’armée américaine pour identifier les personnages camouflés. Le film enregistre la lumière infrarouge généralement invisible à l’œil humain et transforme le paysage résultant en des nuances vives de lavande, de rose vif et de pourpre.
Traditionnellement, la palette de la photographie de guerre est décrite comme brune, verte, noire et rouge. Mais Mosse jette un nouvel éclairage sur la manière dont un conflit peut être couvert. “Je fais de grands efforts pour garder mon travail aussi ouvert que possible en termes de signification. Le spectateur peut apporter ce qu’il veut à l’œuvre et à ses couleurs inhabituelles.”
Une fois rentré au Royaume-Uni, Richard Mosse cherche un moyen de traiter les films. “Je suis passé de laboratoires en laboratoires. J’étais en faillite personnelle, plus d’argent, je ne pouvais rien faire avec ces images incroyables. Puis j’ai trouvé un ancien tireur à Denver. Cela lui a pris six mois pour révéler mon travail !”.
Les images fascinent par leur beauté et la séduction qu’elle dégage — tout en modifiant notre perception sur la guerre et le chaos. Mosse utilise la couleur comme une provocation pour évoquer des situations de guerres civiles.
L’imagerie à la fois psychédélique et dérangeante, rend tout d’un coup visible quelque chose d’habituellement invisible.
INSPIRATION AU VOYAGE