Depuis son ouverture en 2017, le Louvre Abou Dabi a accueilli plus de deux millions de visiteurs du monde entier. Ce joyau de l’architecture contemporaine dessiné par Jean Nouvel se classe désormais parmi les 80 premiers musées mondiaux. C’est en s’inspirant du lieu et du contexte, de l’histoire des formes comme des fondamentaux de l’architecture moyen-orientale, que l’architecte français a créé une nouvelle idée du musée universel.
Sélectionné pour concevoir ce musée, Jean Nouvel s’est laissé guider par l’exception du site de Saadiyat. Une île lagunaire, vierge, entre le sable et la mer, entre ombre et lumière. Son projet est une promesse d’une expérience architecturale et muséale de grande intensité, au service d’un dialogue entre les cultures.
Comme une ombrelle, la coupole blanche de 180 m de diamètre coiffe les deux tiers de la ville-musée. Souvenir de celle de la mosquée, du mausolée, du caravansérail, de la medressa. Posée sur quatre points d’appui et ouverte sur l’eau, elle trouve une expression virtuose et toute contemporaine.
Dans un dialogue des formes héritées de la tradition architecturale, autant qu’à travers l’expérience des sens, Jean Nouvel a puisé à un rapport intense et fondateur : celui de l’ombre et de la lumière, celui de leur équivalence climatique, fraîcheur et chaleur.
C’est ainsi que la coupole s’hybride sous l’inspiration libre du moucharabieh. Un autre des éléments hérités du passé, qui doit autant aux arts décoratifs orientaux qu’à un mode de climatisation traditionnel. Animé par une trame aléatoire de perforations géométriques traversées par la lumière, le dôme tempère les salles, favorisant la climatisation et l’éclairage naturels.
La pluie de lumière tombant de la coupole tient du souvenir des claustras projetant l’ombre de leur géométrie sur les murs. Mouvante, tactile, cette ombre en éclat ouvre le bâtiment à « un jeu sur l’aléatoire, qui permet de doser la lumière en fonction des besoins du lieu ».
De même, l’espace miroitant de l’eau entrant sous la coupole offre une vibration de la lumière qui se reflète sur la peau des bâtiments. Cette présence, cette ondulation permanente, rappelle l’importance et la valeur du plan d’eau dans l’architecture arabe. La nuit, le site sera au contraire « une oasis de lumière sous un dôme constellé. »
Librement inspirée des cités orientales enfouies, une large partie du complexe muséal s’étend à l’abri et dans le confort de cette ombre. Une médina de salles laisse affleurer une trentaine de bâtiments le long d’une promenade. Elevés à des hauteurs variables de 4 à 10m, ils donnent à voir des façades toutes différentes et animées par des percements divers. Cette cité-musée dessine un espace qui joue de la relation entre intérieur et extérieur — aiguisant la curiosité et réserve au visiteur des cheminements à découvrir, avec la lumière pour guide.
Saadiyat – Abu Dhabi – Émirats arabes unis
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