Infatigable voyageur, maître de la photographie couleur contemporaine, Bruno Barbey parcourt le monde depuis un demi-siècle. Témoin attentif des grands bouleversements de nos sociétés — le photographe français accumule depuis les années soixante un corpus d’images subtiles et raffinées.
Montrant un vif intérêt pour la photographie dès son adolescence, Bruno Barbey intègre le Centre d’Enseignement Professionnel de Vevey, en Suisse, afin d’y étudier les arts visuels. Influencé par le projet visionnaire du photographe Robert Frank “Les Américains” Barbey interprète alors la culture et l’héritage italiens dans une série qui marquera le début de sa carrière.
Le passage de la photographie en noir et blanc à la couleur en 1966 est l’un des moments forts de sa carrière — devenant pionnier de son utilisation dans le photojournalisme.
En 1968, il est remarqué par Magnum Photos et chargé de documenter les émeutes étudiantes qui font rage à Paris. Nées de l’idéalisme des étudiants et de leur opposition à la guerre du Vietnam, les émeutes changeront à jamais le France. Dans un récit des événements, Barbey se souvient: “À un moment donné, je suis allé avec Marc Riboud et Henri Cartier-Bresson acheter des casques pour nous protéger la tête de toutes les pierres lancées. Nous avons rapidement réalisé qu’ils rendaient impossible l’utilisation correcte de nos Leica, nous les avons donc jetés.”
Malgré un travail considérable dans les zones de conflit, Bruno Barbey ne se considère pas comme un photographe de guerre. Au lieu de cela, il préfère que ses images parlent du monde en mutation, affirmant qu’il “photographie pour documenter pour la postérité, les traditions et les cultures disparaissant rapidement en raison du changement d’attitude des consommateurs.”